Dr Armélie Coretta GANGOUE
Médecin généraliste, elle travaille actuellement sur la prévention, la sensibilisation au VIH et le suivi et l’évaluation de l’accès aux soins des personnes vivant avec le VIH dans le district sanitaire de Djiri*.
Les Défis Persistants des Patients Vivant avec le VIH au Congo-Brazzaville.
Le Congo-Brazzaville, comme de nombreux autres pays d’Afrique, fait face à des défis importants dans la lutte contre le VIH. L’accès aux soins et aux traitements antirétroviraux (TAR) demeure l’un des principaux défis dans la lutte contre le VIH dans le pays. Certes, le Congo a fait des progrès en augmentant la disponibilité et la gratuité des TAR, mais des inégalités persistent dans la distribution des TAR. Les zones rurales et éloignées ont souvent un accès limité à ces traitements vitaux.
L’une des difficultés majeures rencontrées par les patients vivant avec le VIH est la pénurie fréquente de médicaments antirétroviraux (TAR). Les patients dépendent de ces médicaments pour maintenir leur santé et leur qualité de vie. Malheureusement, les pénuries de médicaments sont courantes, obligeant de nombreux patients à interrompre leur traitement, ce qui peut entraîner une résistance aux médicaments et une détérioration de leur état de santé.
Cette pénurie des TAR dans certains centres pousse les patients à se diriger vers des centres de traitement ambulatoire (CTA). Une fois sur place, de longues files d’attente sont nécessaires, prolongeant encore davantage le temps que les patients doivent consacrer à leur traitement.
A cela il faut ajouter l’insuffisance de l’offre de soutien psychosocial. En effet, De nombreux patients se sentent isolés et démunis, car il existe peu de programmes pour les aider à gérer la stigmatisation et leurs préoccupations émotionnelles. Rappelant que ce soutien psychosocial est essentiel pour les patients vivant avec le VIH, parce qu’il les aide à faire face aux défis émotionnels et sociaux liés à leur condition.
À titre d’exemple, dans le district sanitaire de Djiri, où trois centres sont chargés du suivi des patients vivants avec le VIH, juste un seul centre propose un programme de soutien aux personnes vivant avec le VIH. Et, cela est dû au manque de personnel qualifié dans ce domaine.
Cependant, il est encourageant de noter que des organisations nationales et internationales travaillent de connivence pour améliorer l’accès aux TAR. Des campagnes de sensibilisation et de dépistage sont menées pour informer les populations sur l’importance du dépistage précoce et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH même si celles-ci se font de plus en plus rares. Durant la période d’octobre à décembre 2022, l’association des Jeunes Positifs du Congo a mené un total de 158 sessions de sensibilisation à Brazzaville, touchant ainsi 4 740 jeunes de 15 ans à 25 ans dans les communautés non scolarisées.
Le relevé annuel du Conseil de Dépistage Volontaire du VIH (CDV) dans la période de janvier à décembre 2022, spécifiquement dans le district de Djiri révèle une réalité poignante : parmi les personnes testées séropositives dans la tranche d’âge de 20 à 34 ans, 138 hommes et 139 femmes ont été identifiés. Cependant, un obstacle significatif persiste, illustré par le faible nombre de personnes se rendant pour retirer leurs résultats, potentiellement attribuable à la stigmatisation entourant le VIH. Cette crainte du jugement entrave le dépistage et la prévention, car de nombreuses personnes craignent d’être jugées si elles se font tester.
En conclusion, la lutte contre le VIH au Congo-Brazzaville souffre actuellement d’un manque d’initiatives visant à éradiquer le VIH. D’énormes efforts restent encore à fournir dans l’accès aux traitements, la lutte contre la stigmatisation et la discrimination.
* Djiri est le neuvième arrondissement de la ville de Brazzaville.